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  • Photo du rédacteurMamPlumes

Césarisée, marquée à jamais.

Aujour'hui, je léve le voile sur mon premier accouchement, celui dont il m'aura fallu du temps pour en parler, accepter que je n'avais pas échoué, poser les mots sur le plus beau jour de ma vie... Sur cette journée qui aura marqué mon corps, nos esprits en nous offrant le plus grand bonheur !



Avant même d'être enceinte et déjà toute petite, j'avais une peur attroce de l'accouchement. Je me rappelle avoir même fait un deal avec ma meilleure copine, dans la cours de récrée, pour qu'elle porte plus tard mon bébé... Quelle drôle d'idée ? Pourquoi une gamine de 10 ans avait déjà cette trouille là... surement parce que les images véhiculaient toujours des scènes d'horreur : cris, pleurs... Ils l'ont dit "tu enfenteras dans la douleur".


Une décennie s'est écoulée et la grande rencontre est arrivée... Des années à s'aimer, se chamailler, se découvrir au fil des flots et l'envie folle de transformer notre duo : porter son enfant c'était évident ! Mon ventre qui s'arrondit. La vie qui s'éveille en moi, me chatouille parfois l'estomac mais assurément je sais que le plus meilleur reste à venir... Pourtant il a toujours cette crainte...


"Césarienne" ça résonnait en écho dans ma tête : ce mot qui m'a fait trembler toute ma grossesse, cet accouchement que je redoutais tant... La peur de souffrir, de ne pas y arriver.


Naïvement, j'ai pensé que ma taille 34 et moi, on ne serait pas les bons alliés, que ça n'allait jamais passer ! Puis à l'examen du 8ème mois, le verdict est tombé... L'obstétricien a balayé mes doutes avec son "mais bien sûr qu'il est parfait ce bassin".


J'ai avancé plus sereine : les jours qui me séparaient d'elle, s'envolaient petit à petit et ma peur les a suivis...


Plus qu'une envie, une attente incessante, celle de donner la vie, d'accueillir notre bébé, même plus peur de la douleur !


Enfin le grand jour est arrivé, aprés plusieurs départs inopinés à la maternité ! La petite coquine s'est faite désirée : les heures défilées et ce col qui ne voulait pas "lâcher".

Quand ils ont pu poser la péridurale, j'ai cru que j'allais être soulagée, pouvoir reprendre quelques forces avant la ligne d'arrivée... Retrouver l'energie !

L'homme en avait bien besoin aussi. Le travail s'annonçant encore long, il est parti faire un saut à la maison. Pendant ce temps, eux, ils ont décidé d'envoyé le cocktail pour accélérer un peu. Ils ont même vider la piscine pour déloger notre petite coquine !


Mais tout à basculer !

La seconde d'avant, on plaisantait... et soudain ça s'est mis à biper de tous les côtés. Je les ai vu s'agiter, me rallonger, j'ai entendu "le rythme foetal a chuté, appelles Pierre-Yves".


Mon coeur lui a chaviré...

Elle a tenté de me rassurer pendant qu'elle me mettait sous oxygène, avec son"respirez doucement, ça va aller". Mais non bordel, rien n'allait... ça se passait sous mes yeux et je ne pouvais rien faire.


Spectatrice de ce nauffrage sans même pouvoir parler, comprendre ce qui se déroulait ... Personne à mes côtés ! Puis le mot est sorti, comme un tsunami. Je les ai entendu murmuré "césarienne"... Nooon !


J'ai perdu pied face à ce tourbillon vertigineux, à deux doigts de sombrer, quand je l'ai vu arriver : ma bouée, mon pilier. Il a pris ma main, avec son air serein "t'en fais pas mon coeur, je suis là" alors qu'au fond de lui, il tremblait aussi...


Tout est allé si vite, ils nous ont expliqué que notre poupée commençait à fatiguer, et qu'il allait falloir la sortir vite de là... Quelques mots à la volée et ils nous ont séparé... Ils ont laissé ma moitié de l'autre côté de ce bloc gelé : imaginer, espérer, angoisser.


Ils m'ont emmené, seule, dans cette salle aseptisée, frigorifiée, tétanisée : qu'est-ce qui était entrain de se passer ? Ils ont dressé un drap sous mon cou, écartés mes bras comme si j'étais posée sur une croix. Je me suis dit "Qu'importe le dieu auquel tu crois, c'est le moment ou jamais de l'appeler"... mais à la place mes larmes ont coulées ! La sage femme m'a attrapé la main, a plongé son regard bienveillant dans le mien et m'a dit "elle va bien, dans quelques minutes elle sera là, dans vos bras. Respirez"

Et là, je n'ai plus pensé qu'à Elle.


L'obstétricien a incisé ma peau, a tracé le chemin vers la vie... Puis il m'a demandé de l'assister... "A 3, vous allez pousser pour m'aider à l'attraper". Ca m'a parru fou, pourtant oui je l'ai senti, comme si elle avait été aspirée .... Délivrée ...


1,2,3 secondes suspendues et son cri a résonné, mon coeur lui s'est remis a dansé... Ils l'ont posé contre moi, juste le temps d'admirer ce petit visage parfait : ma beauté !


Même à travers mes yeux mouillés, ça m'a frappé : c'était son portrait, craché ! La tête à papa. Papa, lui aussi boulversé, de l'autre côté... Il me l'a dit... Aprés. Ce cri, ton cri c'était pour lui le signal de la vie ... il s'est remis à respirer, il a laché les vannes.

Sa fille était née !


Le plus dur c'est de ne pas avoir vécu ce moment unique, hors du temps, ensemble... D' avoir vu partir ma bébé emmaillottée, en ayant eu à peine le temps de la caliner. Même si je savais qu'elle allait connaître la douceur des bras de son papa, je n'étais pas là...

Pas là, pour voir le premier regard posé sur sa fille, rempli de joie et de larmes. Je les ai immaginés, tous les deux lovés... L'obstétricien a bien vu mon désaroi, il a plaisanté alors qu'il était entrain de faire de la haute couture avec mon utérus ! Et comme tout c'était bien passé, il les a autorisé à me libérer ... Aller les retrouver !


Le temps a été comme suspendu, inattendu... Comme pris en otage, sans avoir rien entendu arrivé... Pas préparé... La tornade nous avait embarqué, séparé, mutilé au plus profond de nous mais à l'arrivée, une fois le ras de marrée terminé... Je les ai retrouvés, réunis, enlassés. Les amours de ma vie. Ils ont arraché un bout de moi mais je l'ai retrouvé, recroqueveillé sur le torse de son papa !



Une Happy End puisque nous étions là, tous les 3, sonnés mais en bonne santé... Il me faudra du temps pour réaliser mais une seconde seulement pour être envouter, folle d'elle à tout jamais ! Digérer. La vérité c'est qu'encore des semaines aprés, j'avais du mal à admettre que mon ventre n'était plus habité, comme si je n'avais pas accouché...


Pourtant ma beauté était là, à nos côtés. La vie a continué avec tout cet amour à partager... Il a fallu longtemps pour arrêter de culpabiliser, de se demander ce que j'avais mal fait ? Pourquoi j'avais échoué ? Marquée à vie par ce coup de bistouri... Une blessure longue à cicatriser, qui trop souvent se rappelait à moi : douleurs fantômes, nuits agitées...


Heureusement, il y a eu la rééducation du périné et cette sage femme formidable qui nous a accompagné, pour "l'Avant et l'Aprés"... Cette femme "sage" qui a su mettre des mots sur les miens, expliqué le "elle était mal placée", m'écouter, me dire que je n'y étais pour rien... Parler, accepter, se dire que c'était le destin...

Regarder ma fille en bonne santé, gazouiller, avec ce sourire toujours greffé... Le mien, en bas du ventre restera figé pour l'éternité. Il est le témoin du voyage que l'on a traversé, avant de pouvoir se rencontrer. La tête dans les nuages à ses côtés.


Et pour tout vous avouer, ce deuil de l'accouchement rêvé, je l'ai définitivement fait, le jour où j'ai donné naissance à notre petit gars ...


Quand beaucoup me préparait à être encore "césarisée", on leur a montré Qui c'est qui décidé !


Mais ça c'est une autre histoire, que peut-être un jour je vous raconterai ;-)


De mes accouchements, j'en suis ressortie grandie, le coeur élargi... Croire en soi, accepter qu'on ne peut pas tout contrôler mais que rien n'est une fatalité !



A toutes celles qui avaient idéalisés ce moment, n'oublions jamais que les plus belles rencontres sont celles que l'on a pas programmé...


Parler. Aimer. Partager. Les regarder. Rire. Pleurer. Se libérer.


La plus belle rencontre, Lili. Vous donnez la vie. Jusqu'aux étoiles et à l'infini...


*MamPlumes*






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